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Qui etaient les premiers faiseurs de vin ?

Des questions auxquelles l’Arménie s’apprête à répondre.

A deux heures de la capitale Arménienne EREVAN, une grotte baptisée « Grotte aux oiseaux » abrite une cavité où des archéologues ont trouvé des résidus de pépins de raisins qui datent de 6 100 ans. La caverne se situe dans une immense roche qui surplombe la rive gauche de la rivière Arpa. Dès 2007 des fouilles menées par Boris GASPARYAN, de l’Institut arménien d’archéologie et d’ethnologie mettent à jour des galeries reliées entre elles.

 

Non loin de la grotte, le vignoble actuel s’étend sur 550ha et 12 villages. La plupart des producteurs essaient de préserver les cépages endémiques plantés « franc de pied ». Ces pieds ont survécus parce que la zone est isolée du reste du vignoble sur des sols sablonneux qui préservent du phylloxéra.

 

L’areni sec est peut être le plus vieux cépage au monde, il a une bonne résistance aux maladies ! Mais il n’est pas le seul cépage endémique, il y a aussi l’areni noir, l’ararati, le kakhet, le tozot ou le voskehat qui côtoient les cépages français tels le chardonnay, la syrah, le pinot noir, le merlot et le cabernet.

 

Au cœur de la grotte, ils découvrent des récipients destinés à la conservation d’aliments, cruches, pots et flacons d’argile. Un an plus tard en 2008 Grégory ARESGUAB de l’université de Californie à Los Angeles avec son équipe, mettent à jour un pressoir rudimentaire, une cuve de fermentation, des amphores de stockage de vin et des restes de sarments et de pépins pressés.

Ils ont aussi trouvé un four et une chaussure en cuir datée de 5 500 ans donc antérieure à cette d’Ötzi, l’homme des glaces retrouvé en 1991 dans les Alpes Italiennes.

 

Le phylloxéra est la plaie du 20e siècle. Savez- vous qu’il est toujours dans le sol ?

Non seulement il est toujours dans le sol mais seuls les pieds américains greffés de nos cépages régionaux nous permettent d’avoir une vendange en Europe !

 

Je vais vous raconter une partie de l’histoire triste de notre région champenoise au début du siècle de nos grands-parents. Il y a eu des pauvres, des très pauvres en Champagne et il y a eu des abus et des fraudes. Ce sont ces difficultés qui ont donné à la Champagne une opportunité de développement au fil du temps, avec une Champagne Viticole délimitée et une gouvernance collective pour gérer un patrimoine appartenant à tous les professionnels de la région avec efficacité et rentabilité … du moins jusqu’à ce jour.

Personne ne saurait aujourd’hui répondre à la question de comment va évoluer le modèle champenois. Nous sommes à la vieille de grandes mutations et de changements radicaux de travail de la vigne et de modes de consommation. Nos exploitations, nos propriétés résisteront–elles à tant de bouleversements sociaux économiques et agricoles couteux et laborieux ?

 

Dans le passé tout commençait dans la vigne et se terminait sur la table avec une bouteille, il faudra beaucoup d’efforts pour conforter la présence du Champagne sur les marchés pour ce que merveilleux vin des Rois demeure pour longtemps le Roi des vins.

Les premières coopératives en France sont nées à cause de la grande misère des vignerons dans l’Hérault en 1901

En décembre 1901, 120 vignerons créent la première coopérative vinicole de France dans l’Hérault, d’abord pour vendre leur vin, puis pour vinifier. C’est une période où la fraude bas son plein, les vignerons libres garantissent au client un vin  « naturel, bon et loyal produit uniquement avec des raisins ».

 

C’est aussi le début d’une vie sociale intense et d’une solidarité profonde.

C’était une période noire dans le vignoble de France et de toute l’Europe. Le phylloxera décimait les pieds, les maladies comme le mildiou, la cochylis abimaient les récoltes. De plus les orages anéantissaient les moindres espoirs. La récolte était médiocre sinon nulle dans la Petite Marne, surtout en ce début de siècle.

C’était un dimanche de 1911. Ils étaient au moins 10 000. On n’avait jamais vu pareille foule à Epernay. Les vignerons formaient des groupes compacts, par village, brandissant des pancartes où on pouvait lire

 

« A BAS LA FRAUDE, NOUS VOULONS VIVRE »   «  NOUS VOULONS DU PAIN ».

C’est ainsi qu’est née la plus grande révolte des vignerons en 1911 depuis 1830 sous Charles X.

Les orateurs stigmatisaient « les fraudeurs », leurs auxiliaires, leurs représentants qui n’ont jamais gagné autant d’argent, édifiant à nos yeux de superbes et insolents châteaux, bravent notre honnête misère » et ce furent des applaudissements frénétiques quand ils lancèrent pour terminer « GUERRE A LA FRAUDE VIVE LA CHAMPAGNE HONNETE ET LABORIEUSE ».

Dans la foule on chantait la Champenoise sur l’air de l’Internationale :

Debout les damnés de la terre !

Debout les forçats de la faim.

La raison tonne en son cratère

Et la fraude est sur son déclin

Du passé, faisons table rase,

Foule esclave, debout debout

Vign’rons, il faut changer de base

Nous ne sommes rien, soyons tout

C’est la lutte en Champagne

A la fraude de nos vins

Vigneron de la Marne

Défendons notre bien

Hideux dans leur apothéose

Courtier, frauder de la Champagne

Ont-ils jamais fait autre chose ?

Que dévaliser nos campagnes

Vignerons damnés de la terre

Marchons mains dans la main

Pour mettre un terme à nos misères

Et pour apaiser notre faim

L’or n’a-t-il pas raison de tout ?

Par les millionnaires de la Marne

Vignerons de Champagne debout !

Abattons les requins, rois de la politique

Les négociants achetaient pour les maisons, la récolte d’autres régions à bon prix en tenant ce langage aux vignerons :

Vous avez une récolte de 20 pièces de vins ; je vous les paie 300 francs la pièce. Si vous voulez, vous en déclarez 25 pièces à la régie et 5 contiendront de l’eau et je vous les paierai 100 francs chacune. »

Ces pièces d’eau de la Champagne seront remplacées, en cave du négociant à l’aide d’un moyen quelconque, par cinq pièces de vin d’Algérie qui seraient vendues aux négociants à un bon prix, comme vin de la champagne.

 

Le 13 avril 19011

Ay se réveille au sortir d’un mauvais rêve. On criait« Sauvez vous monsieur Bissinger, on parle là-haut de venir mettre le feu chez vous » !

Les boulevards du nord qui débordaient d’activités et qui respiraient la prospérité, n’étaient plus que ruines fumantes de cendres, poutres tordues, ruines branlantes, machines sabotées, verre pilé, futs éventrés, flaques de vin dans lesquelles nageaient les bouchons, fils de fer…

La presse (Le Réveil de la Marne) relate que tout s’était passé comme si les vignerons s’en étaient pris autant aux fraudeurs qu’aux négociants en général. Un tract émanant d’un comité de vignerons prônait le sabotage des maisons pour arriver à une sortie de collectivisme du Champagne (le Réveil de la Marne 21 avril 1911)

 

Dragon, fantassin, gendarme avaient pris position de Venteuil à Trépail en passant par Cumières et Epernay !

L’armée pris la situation en main à Ay à Epernay, Damery…La vallée de la Marne fut sous le choc lorsqu’on annonça des arrestations

Il fallut attendre le mois de juillet pour retrouver un peu de calme dans le vignoble.

Le 14 aout, pour la dernière audience du procès des vignerons champenois il y avait foule au palais de justice.

35 000 vignerons s’étaient révoltés, et 35 étaient jugés et payaient pour tous !

 

Puis vinrent la première guerre mondiale, la grande crise de 1929 qui mirent la Champagne à genou.

Lorsque les combats de la deuxième guerre furent stoppés il fallut attendre 1951 pour que la situation s’améliore progressivement et que la production et les ventes reprennent. Tout ira à peu près bien jusqu’en 1975 puis commence le temps des crises qui se cristallise vers 1989. 2009 fut le recul des expéditions commerciales et l’augmentation du prix à l’hectare, le temps aussi cette crise mondiale qui définitivement rompra avec le cycle de croissance de la Champagne.

 

Mes lectures sources

Histoire des relations interprofessionnelles de Champenoises (D.Diart) – Le magazine de la vigne N° 320 – Chronique d’une révolution en Champagne (D. FRADET) – Robert Jean de Vogüé par Y. Tesson et F. RIVAUD

 

Cumieres Autrefois journal d'un vigneron à l'époque du Pylloxara

lien vers le site de l'Association Cumières Autrefois
https://cms.e.jimdo.com/app/s1f8373913e6dcb39/p340b2ad45030259c?cmsEdit=1

 

La Révolte des vignerons en 1911 à Cumières

C’est durant une nuit fraiche de mars 1911, qu’une affiche est apposée entre l’église et la mairie de Cumières. Sur cette affiche, on peut y lire :

« Vignerons de la Marne, l’heure est grave !

Les intérêts de notre vignoble vont être impitoyablement sacrifiés.

Avant de périr, nous saurons faire notre devoir.

Nous connaissons ceux qui sont les causes de tout le mal.

Contre ces misérables fraudeurs, Soyons tous debout ! »

Dans plusieurs communes du vignoble, on décide, à partir de novembre 1910, la grève de l’impôt. Les vignerons s’en prennent aux transports de vins étrangers, percent quelques futs en gare ou dans les celliers, cassent quelques vitres, l’énervement grandit et, à chaque fois, on bat le rappel des vignerons, avec tocsin, sonnerie de clairon, tirs de fusées anti-grêle…

  Le 17 janvier 1911, à Damery, le village voisin, le chargement d’un camion est en totalité jeté dans la Marne, et les caves et cellier du négociant fraudeur sont mis à sac, par 2 000 à 3 000 vignerons en colère. Un incident analogue survient le lendemain  à Hautvillers. C’est alors que le préfet de la Marne ordonne le renforcement du 31ème régiment de Dragons d’Epernay, afin d’interdire les accès d’Epernay, monter la garde à la gare et chez les négociants et se répartir entre Damery, Venteuil, Cumières, Hautvillers et Aÿ. Ces évènements marquent le début de quelques 4 mois d’insurrection, et 9 mois d’occupation militaire.

  Le 10 février 1911, après maintes négociations, le gouvernement français adopte enfin des mesures, qui obligent tous produit viticole portant le mot « Champagne » à être issu de raisins et de vins provenant exclusivement de la zone délimitée. Cette zone n’incluait pas les vignobles de l’Aube. Les vignerons aubois, mécontents, vont alors tout faire pour en empêcher l’application, aidés par leurs parlementaires, et des négociants fraudeurs.

  Le 11 avril, une motion du Sénat est votée pour mettre en application la loi assurant la répression de la fraude. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Les producteurs marnais passent à l’action, et dans la nuit, saccagent les celliers et immeubles de plusieurs fraudeurs, ou supposés tels dans les villages de Damery, Dizy, et Aÿ.

A Epernay, les troupes se mettent en place (une brigade de cavalerie, trois compagnies et deux sections d’infanterie) protègent Epernay. A Aÿ, malgré quelques 600 militaires à cheval, les 6 000 vignerons insoumis parviennent à saccager et incendier plusieurs établissements. Dans les semaines qui suivirent le commandement militaire réussira à mater la révolte avec l’aide de 40 000 hommes de troupe… jusqu’aux vendanges. Entre temps, le 7 juin 1911, le département de l’Aube bénéficie, par décret, d’une appellation particulière « Basse Champagne ou Champagne 2ème zone » qui ne les satisfera pas au mieux se considérant traité en quelque sorte de parents pauvres qu’on tient à l’écart. Alors commencent la négociation pour de nouveaux projets de lois, avortée en raison de la 1ère guerre mondiale, qui reprendra en 1919 pour aboutir aux prémices de la délimitation de l’A.O.C du 22 juillet 1927.

Extraits du journal de TRIBAULT Prosper Alexandre, né à CUMIERES le 16 février 1851.

NB : Ce registre est tenu avec une propreté parfaite et une remarquable calligraphie. L’auteur est un peu faché avec la ponctuation et les majuscules, mais les fautes d’orthographe son rares. Le verbe être est souvent confondu avec le verbe avoir, mais c’était très courant dans le parlé champenois.

An 1860 :

Le printemps a été assez beau. L’été n’a pas été favorable à la récolte par rapport à la pluie qui a pris dans les temps de la St Jean et qui a toujours continuée ca on n’a pu faire la moisson qu’avec grand peine qu’on avait commencé le 1er aout et qui n’a pas été fini avant le 15 novembre. Pour les vendanges, les raisins n’ont pas pu achever de murir par rapport aux gelées qui ont prises le 4 d’octobre, la neige et la pluie ne cessaient pas de tomber. Enfin, l’on a commencé la vendange du 4 au 10 d’octobre. Les vignes ont faites 8 à 9 pièces de vin l’arpent marchand et il y avait des raisins pour faire 15 à 18 pièces de vin l’arpent. Les vins avaient une bien petite qualité car depuis 1829, on n’a pas encore vu cela. On a vendu le vin blanc de 80 à 100 f et le rouge 60 à 70. Il y a aussi beaucoup de vin blanc et rouge que l’on n’a pas trouvé à vendre. L’hiver, les pluies et les neiges n’avaient pas encore cessées de tomber, si bien que la rivière a répandue sur la fin d’octobre et a toujours resté dans la prairie jusque dans les dernier temps de janvier et au commencement de février, elle a venue si haute qu’elle est venu presque jusqu’en haut du jard de Cumières où elle y vient rarement.

[…]

An 1867 :

Le printemps a été très humide, dans les vignes, il y avait une bien petite montre et elles ont gelées les 23, 24, et 25 de mai, et le reste a été pluvieux. L’été a été chaud et beau sans pleuvoir de trop. On a commencé à vendanger du 26 au 30 septembre ; les vignes ont faites de deux à trois pièces de vin l’arpent qui était d’une très bonne qualité. On a vendu les vins blancs de 300 à 400 francs la pièce. Pour le vin rouge, on n’en a point fait, l’automne a été beau et chaud jusqu’au 25 de novembre.

L’hiver a commencé dans les premiers jours de décembre ou il a fait de grands froids pendant huit jours et a redoublé dans les temps de la Noël pendant une quinzaine de jours. Ensuite la neige qui était tombée depuis longtemps a fondue avec le dégel sans tomber de grandes abondances d’eau. On a commencé à tailler les vignes quelques jours après la St Vincent qui ont été taillées en presque moins d’un mois sans pluie et on les a bêchée de même.

[…]

An 1870 :

Les neiges et les gelées qui sont fondues dans le mois de février, ont fondues presque sans pleuvoir, car les rivières n’ont pas débordées, comme d’aucune années qu’il y venait autant de neige qu’en 1870. Sur la fin du mois de février, on a commencé à tailler les vignes. Le beau temps ayant repris, sortant de tailler, on a bêché sans arrêter. Les vignes ont gelées le 29 et 30 avril et le 5 mai à peu près au quart, la montre n’étant pas bien forte, enfin le beau temps du mois de mars ayant toujours continué et faire même bien chaud, car l’on a guère de connaissance d’avoir vu une année aussi sèche et aussi chaude qu’en 1870. Ce temps sec et chaud a été favorable pour les vignes, car les raisins à la Ste Madeleine – 22 juillet- étaient plus gros que d’aucune fois à la vendange.

Les grains ont été en assez grande quantité et de très bonne qualité, mais la sécheresse était si grande qu’il n’y a eu guère de paille et encore moins de foin, car on le vendait jusqu’à 1,10 f la botte de dix livres.


L’on a été obligé de signer la capitulation de Paris et de toute la France ; il a fallu céder la Loraine et l’Alsace à la Prusse ainsi que cinq milliards à payer dans le courant de trois ans à intérêts à cinq du cent. La Champagne en gage jusqu’au dernier paiement des cinq milliards.

Il a fallu payer aussi aux prussiens les contributions des mois d’octobre, novembre, décembre, janvier et février avec de grosses surcharges.

Ces contributions dont je viens de parler, ont été remboursées dans le courant du mois de septembre suivant, par les départements qui n’avaient pas été envahi…

Quoi qu’ayant des prussiens dans nos pays l’on a commencé les vendanges le 12 septembre, dont ils n’ont fait aucun tort ; les vignes ont fait cinq à six pièces l’arpent que l’on vendait à la vendange 150 francs, au moi de décembre l’on vendait de 180 à 200 francs et au mois de mars on en a vendu jusqu’à 300 francs.

La neige a été très froide avec beaucoup de neige quand il n’en fallait pas car si cette neige avait venu avec les gelées, les blés n’auraient pas gelés complètement comme ils l’ont été, car au mois de mars et avril, n’ayant plus espoir de froment on les a réensemencés en orge et avoine et blé de mars qui ont très bien venus

[…]

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