Champagne et Poésie
Regards croisés
Devant la laideur devant l'horreur
Il se dérobe se détourne et fuit
Des autres la déchéance ou le malheur
L'agresse le blesse le suit
Des abîmes sans fond de tous ces êtres
Il est le voyeur indifférent et traître
Mon regard
Et pourtant celui de l'autre humain
Me bouscule me poursuit me choisit
Attend ma réponse Me voici
L'appel pressant comme une prière
De reconnaître en lui mon frère
M'instaure face à lui sujet enfin
Sous son regard
Si les yeux parlent à visage découvert
En quête d'attention bienveillante
S'ils accueillent l'onde de choc
Furtive incertaine et troublante
Que provoque leur message équivoque
Et interrogent le sens offert
De nos regards échangés
Alors devient possible oeil ouvert coeur battant
De tomber le masque durci aux aléas du temps
De dévoiler l'intime désir les richesses enfouies
Gardés dans l'âme en mémoire profonde
De frôler l'indicible l'invisible l'inouï
En miroir capter toute la beauté du monde
Dans nos regards croisés
Qu'en nos nuits tournées vers l'aube nouvelle
Telles poussières d'étoiles entre terre et ciel
Se révèlent et scintillent nos destinées
Dans la parole enfin partagée
Mathilde H.
Champagne et poésie
Le vent de chez nous
Le vent de chez nous, de chez moi
Trouble à peine le calme plat
De cette étendue fertile, de ses vallons
Bien à l'abri des lignes bleues des monts,
Quand, de frimas en canicule,
Sans grande transition,
Les saisons se bousculent
Pour fleurir joie, rires et chansons.
D'autres vents pourtant ont soufflé
La tourmente, la folie, la désolation,
À moments répétés, en des temps passés.
Aiguisées, les sombres passions,
Bousculées, les frontières bien établies
Avant qu'y lève un vent de liberté,
Qu'un avenir de paix nous sourie,
Que grandisse, entre ses rives, la fraternité.
Sur ma terre natale, en ses demeures,
Ce vent se fait bol d'air primordial
Qui insuffle son premier cri vital
À l'enfant juste né. À père et mère, le bonheur.
Cet héritier d'un caractère bien trempé,
Ne sera pas cette girouette livrée
À tous vents de doctrines identitaires,
Balayant les repères des valeurs humanitaires.
Ce vent s'élève en coquine et joyeuse musique
Au souffle des cuivres, des bois, des voix,
Pour chanter les instants magiques
Où l'amour, l'amitié, la solidarité font Loi.
Ce vent fripon se veut charmant complice,
Fin murmure, bruissement de souffle ténu
Au chercheur, au poète, au premier venu
Si Muses et Grâces leur oeuvre accomplissent.
En ma maison aux quatre vents exposée,
De mon être, à l'abri comme en plein vent livré,
Il sera l'ultime soupir à mon heure dernière
Qui conduit la vie vers son mystère.
Alors, le Souffle des commencements,
Pour mon émoi, mon ravissement,
Déchirera le voile d'une autre destinée
De mes jours, enfin comblés d'éternité.
Mais pour l'heure, je vais... où me pousse le Vent !
Champagne et poésie
L'attente à bras-le-corps
L'attente
de qui de quoi
de je ne sais
ni de quoi ni de qui ni où ni quand
Mathilde H.
Champagne et poésie
Attente
cette déchirure
à fleur de peau
brûlure au vif de la chair
lancinante soif à étancher
Attente
cet espace visité
par l'oeil à l'affût
au-delà de l'horizon
d'un vide redouté à assumer
Attente
cette griffure
du coeur écorché
impatience qui dure
manque essentiel à combler
Attente
gouffre à ciel ouvert
de tout l'être en éveil
sans cesse tendu
vers ses rêves les plus fous
Attente
sirène tentatrice
qui affole les pas
à poursuivre en courant
d'envoûtantes chimères
Attente
giron réceptif
à l'attention aiguisée
du probable, de l'inattendu
toujours ailleurs et autrement
Attente
récolte espérée
le nez en l'air
de semences dispersées
fleurant bon l'enfance passée
Attente
ce coquillage vibrant
de l'oreille aux aguets
d'une parole désirée
à jaillir du puits du silence
Attente
statue figée
les bras offerts
souffle court coeur battant
du retour incertain de l'ami
Attente
quête inquiète
enfin calmée comblée
de la joie de te trouver
et du bonheur d'aimer
Attente
folle du logis
qui toujours doute
de la confiance accordée
à la certitude d'être aimée
Attente
compagne de route
encore et encore
de traversées de déserts
à la recherche d'une source
Attente
à bras-le-corps
au fil du temps
attente infinie
accueil de tous les possibles
L'attente
de ce que je sais être
cette étoile lointaine
une vie pétrie d'éternité
Mathilde H.
Pendus aux ramures d’un grand chêne
au travers des dentelles du givre, prisonniers
des fruits condamnés à la poussière,
une rose se tord dans ses pétales
La brume s’empale éperdue dans l’azur empourpré
sur la flèche dorée du clocher.
Et sur l'autel de la petite Eglise
le bouquet imprégné d'un chant de fauvettes
cueilli dans un buisson de mimosas
dont le parfum me fit retourner en passant.
J'ai éparpillé ses perles en le portant
d'une main tremblante jusqu'au petit cimetière
niché au creux d'une colline
à coté de ma vigne endormie !
Champagne et Poésie
Si…
Si je volais
Vers les hauts sommets
Je partirais
N’en déplaise aux parfaits !
Je crierais,
Espérant u’ils entendent
Les douleurs
Afin de leurs sens
Ouvrir leur cœur
Que les rochers
Discrets
De leurs secrets
A jamais gardés
S’évaporent
Et respirent
Au matin
Câlin
Repartirais
Si je volais
Michelle ANCEAUX 03.04.20
Entracte
Bonbons, caramels, esquimaux, chocolats
Salles qui s’arrêtent de respirer
Sièges rouges qui pleurent
Le fantôme des lieux oublié
Se retourne sur le vivant.
Bonbons, caramels, esquimaux, chocolats
Les murs crient d’une douleur sourde
Personne pour entendre leur souffle.
L’attente dans le noir une lumière s’est etient
Discrète, mais l’histoire renaitra
Alors, le fantôme racontera
sa solitude, son confinement.
Comme autrefois, nous rêverons
Devant des histoires nouvelles.
Bonbons, caramels, esquimaux, chocolats
Après le café le matin, 2 mai 2020 Michelle ANCEAUX
EN CHAMPAGNE
L’homme file à toute allure
Sur la route de Dizy
Assis sur son curieux enfin.
Personne pour assister
A ce passage d’un autre temps.
Magritte aurait aimé ce voyage
Riant : ceci n’est pas un poêle !
En effet, il se tenait droit
Sur le couvercle émaillé,
Estampillé Godin,
Pour un voyage dans sa tête.
Michelle ANCEAUX
2 Octobre 2016
LE JOUR DU DEPART
Le jour du départ
Elle ne comprend pas
Chacun s’agite Se presse autour d’elle.
Le jour du départ
Il fait encore nuit noire
La famille s’affaire
Dans le silence morbide.
Le jour du départ
Blottie dans sa couverture
Elle garde les yeux mi-clos
Pour se souvenir d’ici.
Le jour du départ
Puisse-t-elle bientôt
Revenir dans ce pays d’amour
Où refleuriront les fleurs de la paix
Michelle ANCEAU Septembre 2016
CHAMPAGNE
Rires feutrés parmi les chuchotements
Du précieux breuvage dans les cartons
Que peuvent –ils se dire
Eux qui sont en transit
Vers un ailleurs inconnu ?
Ils peuvent trembler ou tressaillir
Ils imaginent l’approche de tel ou telle
Un courant d’air violent
Ou une délicate brise au passage
Le suspense arrive
Lorsque l’inconnu daigne s’arrêter
Pour s’interroger,
Hésiter et enfin peut-être
Les saisir sans les connaitre
Presque un enlèvement violent.
Michelle ANCEAU novembre 2015
Champagne et Poésie
LIGNE DE VIE - LIGNE DE COEUR - LIGNE DE MAIN
C’était un matin de mai
Le soleil brillait sur la rivière
Il avançait dans un silence qui me bouleversait
Le vent soufflait
Des mots sur mon cœur brûlé
Le coq chantait
D’une voix essoufflée
Lorsque de loin, de sa nuit
Je l’aperçu, en un éclair je compris
Que jamais avec ses yeux il ne pourrait
Soutenir le regard de celle qui dans son ventre l’avait porté
Mon cœur se mit à hurler
Mes mains à trembler
A genoux fléchis
Je priais
Je quémandais au Ciel
Que ses yeux puissent
Dans mon regard voir le sien
Il nous fallut de longues années
Pour arriver avec à traverser
La bulle dans laquelle notre fils était enfermé
Il avait neuf ans quand il me dit
« Je savais que tu étais toujours à mes côtés
Mais je ne comprenais pas
Que tu étais ma mère
Maintenant je le sais
Parce que mon cerveau a compris mon cœur »
PHM
Champagne et poésie
LE REVOLIN
J’étais en ce bel automne naissant
À l’ancre depuis un certain temps
Revenue du pays où souffle le Niederwind
Lorsque sur la rivière un puissant remous
Soudain souleva des gerbes d’eau dans un panache
Une branche d’acacias se détache
Et dans un élégant tourbillon saupoudre
Ses fleurs roses en pluie d’étoiles
Sur le rivage près de mon voilier
L’air chaud poussé par des vents d’Aval
Emporte un bruyant vol d’abeilles
Des ramilles frémissent
La voile se gonfle sur le grand mat
Le Revolin ce vent délicat et stratège
Pour ne pas abîmer ma voilure
Dans sa grande bonté fait un demi-tour galant
Ma grand ‘voile est ballotée
Mon cœur par tant de pudeur touché
De l’autre côté de la rivière
La Harle qui soufflant de mars à fin avril
A asséchée la boue des chemins
Des papillons cueillent la rosée
Dans des feuilles d’églantiers
Sur le rivage d’une herbe brûlée
Par la Soulaine d’été
Un homme sur le dos couché
Rabaisse son chapeau sur ses yeux fatigués
Soudain une bourrasque brise
Avec fracas
Contre la coque de mon embarcation
La vague lourdement
Je suis troublée
La rivière frémit dans un grand bruit
Semblable à celui de Monsieur de Pont de l’Écluse
Lorsqu’il souffle de Grenoble à Genève
Quand arrive le printemps à Megève
Éprouvée par tant de beauté et
Prise par le Revolin
Je fais provision de gerbes d’écumes
Qui dans un arc en ciel
Telles des gouttes de miel
Sur les risées du fleuve s’évanouissent
Le silence survint
Magnanime messager d’Éole
Revolin
S’est tu comme le fait
Le Thalwind qui souffle le matin au lever
Et le soir quand le soleil est couché
Avec lui les mots disparus s’évanouissent
Comme une source tarie dans le désert
Mon cœur se serre
Je ne sais plus quoi faire
Sur ma grand’ voile règne la misère
Et mon âme gémit et erre
Dans cette désolation
Je compte grain par grain
Le sable de cette terre
Dans la clarté de l’absence
Ma voix se brise dans le silence
J’étouffe je m’épuise
Les mots éteints je guette
J’attends la fête
Ces mots magiques
Dans un aller retour ailé
Dans un souffle de liberté
Balayé par l’Écorche-Ville du comté de Flandre
Apportaient capiteux vers le rivage
Un chant et des mots tendres
Je suis en peine et me languis
Des non-dits étourdissants
Qui jadis dans mes cheveux coupés
En un chaud murmure évident
Apportaient la vie
Depuis mes lèvres se dessèchent
Se tordent dans l’espérance de l’eau vive
Du vent qui dans la joie
Raviverait ma foi
Dans un dernier soubresaut
Pour faire provision
Des risées soulevées du fleuve
J’ai de mes dernières forces
Pour m’abreuver d’Eau
Happé l’air messager du très Haut
Esprits malicieux des sources
Magiciens vaillants des rochers
Arbres centenaires et puissants
Appelez que reviennent le vent
Et avec sa cohorte
Ne serait- ce que dans
Un murmure
Le Revolin
PHM
Champagne et poésie
A celui qui se reconnaitra
Il tient dans ses mains une présence,
Il tient le rire et le sax,
La parole facile à dire
Et la musique avec aisance.
L' humour à son corps défendant
Est comme une armure étincelante,
Il vit entouré de flammes
Et la simplicité est son parent.
Le cœur vagabond et les yeux rieurs
Son regard clair n’a pas une ride,
La confiance est sa maison
Aux grandes vitres de lumière.
Son âme torturée se cache, entière.
Sa puissance primitive,
Et ses élans de plaisir
Semblent oublier l'hiver.
Le temps qui passe
Le rend riche de souvenirs
Et son rire joyeux parfois
pour le bien connaît des éclats.
Pareil au sang qui circule,
dans mes vaisseaux robustes
Il nourrit de patience
Ma difficile intimité
Et il a toute mon amitié.
PHM