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  lien de l'article : https://www.cumieresenchampagne.com/historique/journal-d-un-vigneron/

 

Extraits du journal de TRIBAULT Prosper Alexandre, né à CUMIERES le 16 février 1851. La famille TRIBAULT est la branche des ancêtre maternels du grand père paternel de Luc MIllet .

 

NB : Ce registre est tenu avec une propreté parfaite et une remarquable calligraphie. L’auteur est un peu faché avec la ponctuation et les majuscules, mais les fautes d’orthographe son rares. Le verbe être est souvent confondu avec le verbe avoir, mais c’était très courant dans le parlé champenois.

 

An 1860 :

Le printemps a été assez beau. L’été n’a pas été favorable à la récolte par rapport à la pluie qui a pris dans les temps de la St Jean et qui a toujours continuée ca on n’a pu faire la moisson qu’avec grand peine qu’on avait commencé le 1er aout et qui n’a pas été fini avant le 15 novembre. Pour les vendanges, les raisins n’ont pas pu achever de murir par rapport aux gelées qui ont prises le 4 d’octobre, la neige et la pluie ne cessaient pas de tomber. Enfin, l’on a commencé la vendange du 4 au 10 d’octobre. Les vignes ont faites 8 à 9 pièces de vin l’arpent marchand et il y avait des raisins pour faire 15 à 18 pièces de vin l’arpent. Les vins avaient une bien petite qualité car depuis 1829, on n’a pas encore vu cela. On a vendu le vin blanc de 80 à 100 f et le rouge 60 à 70. Il y a aussi beaucoup de vin blanc et rouge que l’on n’a pas trouvé à vendre. L’hiver, les pluies et les neiges n’avaient pas encore cessées de tomber, si bien que la rivière a répandue sur la fin d’octobre et a toujours resté dans la prairie jusque dans les dernier temps de janvier et au commencement de février, elle a venue si haute qu’elle est venu presque jusqu’en haut du jard de Cumières où elle y vient rarement.

 

 

An 1867 :

Le printemps a été très humide, dans les vignes, il y avait une bien petite montre et elles ont gelées les 23, 24, et 25 de mai, et le reste a été pluvieux. L’été a été chaud et beau sans pleuvoir de trop. On a commencé à vendanger du 26 au 30 septembre ; les vignes ont faites de deux à trois pièces de vin l’arpent qui était d’une très bonne qualité. On a vendu les vins blancs de 300 à 400 francs la pièce. Pour le vin rouge, on n’en a point fait, l’automne a été beau et chaud jusqu’au 25 de novembre.

L’hiver a commencé dans les premiers jours de décembre ou il a fait de grands froids pendant huit jours et a redoublé dans les temps de la Noël pendant une quinzaine de jours. Ensuite la neige qui était tombée depuis longtemps a fondue avec le dégel sans tomber de grandes abondances d’eau. On a commencé à tailler les vignes quelques jours après la St Vincent qui ont été taillées en presque moins d’un mois sans pluie et on les a bêchée de même.

 


An 1870 :

Les neiges et les gelées qui sont fondues dans le mois de février, ont fondues presque sans pleuvoir, car les rivières n’ont pas débordées, comme d’aucune années qu’il y venait autant de neige qu’en 1870. Sur la fin du mois de février, on a commencé à tailler les vignes. Le beau temps ayant repris, sortant de tailler, on a bêché sans arrêter. Les vignes ont gelées le 29 et 30 avril et le 5 mai à peu près au quart, la montre n’étant pas bien forte, enfin le beau temps du mois de mars ayant toujours continué et faire même bien chaud, car l’on a guère de connaissance d’avoir vu une année aussi sèche et aussi chaude qu’en 1870. Ce temps sec et chaud a été favorable pour les vignes, car les raisins à la Ste Madeleine – 22 juillet- étaient plus gros que d’aucune fois à la vendange.

Les grains ont été en assez grande quantité et de très bonne qualité, mais la sécheresse était si grande qu’il n’y a eu guère de paille et encore moins de foin, car on le vendait jusqu’à 1,10 f la bouteille de dix livres.

 

Le 27 juillet, mercredi à 5 heures du soir, il a venu un orage qui a ravagé les terroirs de Dizy Champillon, Hautvillers et Cumières, cet orage a raviné et grêlé une forte partie de ces quatre terroirs et même presque fondu des maisons. Il y avait à peu près soixante ans que l’on avait vu chose pareille à Cumières, il a passé pendant une bonne heure, cinquante centimètres d’eau mêlée de pierres et de terre dans les rues de Cumières.

Napoléon III, Empereur des Français, ayant déclaré la guerre à la Prusse le seize juillet, les troupes ont marchées pour la frontière ; et l’on a commencé à se battre le 2 aout ; c’est les français qui ont gagné la bataille à Sarrebruck, mais après cette affaire, on a été trahit. Et les français ont été obligés de battre en retraite ; si bien que les prussiens ont entré en France le 6 aout, ils ont toujours avancés, et faisaient des masses énormes de prisonniers français ; si bien que le 4 septembre, ils ont pris la ville de Sedan avec quatre-vingt dix mille hommes, Napoléon et Mac Mahon en faisait partie. L’on a proclamé la république en France le 4 septembre. L’on a continué la guerre avec la République comme avec Napoléon et les prussiens ont marché sur Paris. Le huit septembre, il est arrivé dans les environs d’Epernay peut être cinquante milles prussiens, dont Cumières en avait deux mille cinq cent pour sa part. Cumières n’en a presque pas eu davantage sauf quelques petites fois qu’Epernay ou Mardeuil envoyaient quand il en avait de trop.

 

A partir du huit septembre et tout en continuant on en voyait descendre sur la route de Reims depuis le matin jusqu’au soir ; ils ont commencé à se servir du chemin de fer sur la fin de septembre, les routes et les villages n’ont pas été tant encombrés qu’ils étaient auparavant. Les prussiens ont fait des réquisitions de foin, de pain, paille et avoine dans les villes, les villages et les hameaux. Le siège de Paris a duré tout l’hiver par un froid très rigoureux et de la neige en abondance car les soldats gelaient debout ; mais par le moyen de la trahison les prussiens ont eu Paris par la famine ; c’est sur la fin de janvier 1871 que le gouvernement de Paris a demandé une armistice de trois semaines, car les parisiens jeûnaient depuis le premier de janvier, ils étaient obligés de manger des souris, des rats et des chiens, l’on trouvait la souris à 10 sous, le rat 15 sous un petit chien 15 francs.

 

La même affaire ayant arrivée à Metz, vous connaissez cette ville imprenable que ce fameux Bazaine a livrée aux prussiens avec cent soixante-cinq mille hommes des meilleures troupes après avoir jeunés.


L’on a été obligé de signer la capitulation de Paris et de toute la France ; il a fallu céder la Loraine et l’Alsace à la Prusse ainsi que cinq milliards à payer dans le courant de trois ans à intérêts à cinq du cent. La Champagne en gage jusqu’au dernier paiement des cinq milliards.

Il a fallu payer aussi aux prussiens les contributions des mois d’octobre, novembre, décembre, janvier et février avec de grosses surcharges.

Ces contributions dont je viens de parler, ont été remboursées dans le courant du mois de septembre suivant, par les départements qui n’avaient pas été envahi…

Quoi qu’ayant des prussiens dans nos pays l’on a commencé les vendanges le 12 septembre, dont ils n’ont fait aucun tort ; les vignes ont fait cinq à six pièces l’arpent que l’on vendait à la vendange 150 francs, au moi de décembre l’on vendait de 180 à 200franc et au mois de mars on en a vendu jusqu’à 300 francs.

La neige a été très froid avec beaucoup de neige quand il n’en fallait pas car si cette neige avait venu avec les gelées, les blés n’auraient pas gelés complètement comme ils l’ont été, car au mois de mars et avril, n’ayant plus espoir de froment on les a rensemencés en orge et avoine et blé de mars qui ont très bien venus.

 

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